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L'atelier de Gévodie
L'atelier de Gévodie
TRADUCTION



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6 février 2015

HISTOIRE VRAIE

A neuf heures

C’était par une nuit terrifiante ; sans que l’on s’y attendît, une tempête, d’une violence inouïe, s’était levée subitement ; les éléments paraissaient déchaînés, les vagues se jetaient en rugissant contre le navire, et chaque fois qu’il était entraîné dans le vide qui les séparait, il semblait qu’il n’en remonterait plus. Sous la violence de l’ouragan, chaque poutre, chaque planche de l’armature criait et craquait, comme si le vaisseau allait être partagé en deux. Les matelots les plus rompus au métier étaient terrifiés et ceux qui n’avaient aucune expérience l’étaient à plus forte raison.

Du nombre de ces derniers, étaient deux jeunes mousses, dont le plus petit se nommait Ronald. C’était son premier voyage en mer, et sa première tempête, aussi était-il au désespoir, et tremblait-il de tous ses membres.

Le capitaine du bateau était un homme de cœur ; passant près des deux enfants effrayés, pressés l’un contre l’autre, il les envoya dans sa propre cabine, un sentiment de pitié paternelle lui faisant réaliser leur solitude et leur angoisse. Une fois à l’abri, ils se cramponnèrent l’un à l’autre, se parlant à voix basse.

Le plus âgé des deux avait déjà été en mer, sans toutefois avoir essuyé pareil ouragan, mais il pouvait, du moins, assumer le rôle de protecteur, à l’égard de son pauvre petit ami, et le consoler tant soit peu. Des consolations, il en aurait fallu pour tout le monde ; les heures s’écoulaient, et finalement le capitaine, sa bonne figure ravagée par l’émotion, fut obligé de déclarer à l’équipage que tout espoir d’avoir la vie sauve était perdu !

Pourtant, chose étrange, le plus âgé des deux mousses conservait, malgré tout, un espoir de salut, et rien ne pouvait le persuader de l’imminence du danger qu’ils couraient. Il se pencha vers son petit compagnon, saisi de panique et pleurant éperdument, et lui murmura à l’oreille : « Ne pleure pas, petit ! nous survivrons à cette tempête, si nous pouvons tenir jusqu’à neuf heures !

« Comment cela ? » demanda Ronald.

Obligé de divulguer son secret, le mousse confia alors à Ronald ce que, jusqu’à ce jour, il n’avait raconté à personne : Lorsqu’il avait quitté la maison paternelle, sa mère, une brave et pieuse femme, avait parlé très sérieusement au joyeux et insouciant petit garçon qu’il était alors, lui disant qu’elle prierait pour lui, tous les soirs, à neuf heures, lui recommandant de ne pas l’oublier. Si donc, ils n’avaient pas coulé avant neuf heures, ils ne périraient pas, la tempête ne pouvant pas les engloutir pendant que sa mère priait pour lui. Ronald fut loin d’être convaincu par cet argument, car il n’avait pas été élevé dans une atmosphère chrétienne, et ne connaissait rien de l’amour de Dieu. Sa mère, à lui, quoique bonne et même cultivée, était une femme mondaine et frivole, ne s’occupant pas des choses de Dieu, et n’ayant pas la moindre foi. De plus, à la terreur qu’inspirait au pauvre enfant cette mer en furie, se joignait une angoisse terrible en présence de cette chose atroce et mystérieuse qu’on appelle la mort, qui l’entraînerait, contre sa volonté, dans ce qu’il ne pouvait comprendre et n’aurait jamais souhaité.

Voyant qu’il ne parvenait pas à faire partager sa confiance à son petit ami, le mousse se mit à parler d’autres expériences qu’il avait faites, dans ce domaine. Lui, certes, croyait à la puissance de la prière, même si Ronald ne le pouvait pas. Il croyait, en tout cas, aux prières de sa mère, car il avait des preuves positives que Dieu les entendait ; et là, dans la cabine du capitaine, toujours agrippés l’un à l’autre, il raconta à Ronald comment, au cours d’un voyage où il séjournait à Singapour, il avait été atteint d’une de ces fièvres mortelles qui sévissent là-bas et font de si grands ravages.

Le médecin de bord, qui le savait dangereusement malade, doutait qu’il passât la nuit, bien qu’il eût fait tout ce qui était possible à la science humaine. Mais voici que soudain, à neuf heures, se produisit un changement inattendu, et la fièvre le quitta.

Lorsque, plus tard, le docteur lui raconta que ce changement était survenu après neuf heures, la nuit même où il désespérait de lui sauver la vie, le jeune garçon se souvint des prières de sa mère ; comme dans une vision du passé, il vit devant lui, les yeux suppliants de sa mère, lui rappelant que, dans sa lointaine ville d’Aberdeen, elle prierait fidèlement, chaque soir à neuf heures, pour son cher petit matelot. En écoutant les paroles du docteur, il avait saisi, dans l’espace d’une seconde, la puissance de la prière. Il n’avait pas prié bien souvent depuis lors, mais là, dans la cabine du capitaine, tandis qu’il tremblait de peur, aux côtés de son petit camarade, tout lui revint à la mémoire, et il le lui raconta avec une profonde conviction de foi ; puisque sa mère allait prier pour lui, à neuf heures, ne fallait-il pas qu’ils unissent leurs prières aux siennes ? « Il nous faut prier, dit-il, je vais commencer ! »

Je ne sais ce que dit le jeune garçon ; il implora du secours ; mais ce que je sais, c’est que ces prières faibles et imparfaites des deux enfants terrifiés, dans la cabine, jointes aux supplications de la mère, au loin, furent entendues et exaucées ; le vent tomba, et les vagues en furie se calmèrent peu à peu. Longtemps avant minuit, tout danger était écarté mais, une impression profonde, qui ne devait jamais s’effacer, resta gravée dans le cœur de Ronald. Ignorant comme il l’était des choses qui concernent Dieu, il éprouvait maintenant une douleur intense, à la pensée que sa mère, à lui, ne priait jamais pour son enfant. Rentré sain et sauf chez lui, il lui fit le récit de ce qui s’était passé et la supplia de prier pour lui, à l’avenir, sans quoi, disait-il, jamais plus, il ne pourrait affronter les terreurs que lui inspiraient les vastes profondeurs de la mer ! Bouleversée par ces paroles, la mère, touchée au cœur, lui avoua qu’elle aurait besoin, d’abord, de prier pour elle-même. Le récit de son enfant lui fit réaliser, qu’à n’importe quel moment nous pouvons être placés devant la mort et le jugement, sans y être préparés.

Elle reconnut combien elle avait péché, en vivant sans prier, et résolut de commencer à le faire aussitôt. Elle chercha Dieu et Le trouva.

 

« Cherchez l’Éternel tandis qu’on le trouve ; invoquez-le pendant qu’il est proche » (És. 55:6).

« Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10:13).

 

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